La Semaine Zéro Déchet a débuté le 31 mai. Une bonne raison de jeter un œil aux chantiers de Strukton Rail. Où en est-on en matière de déchets et de durabilité ? Pieter Cornelissen et Marjoleine Voortman nous en parlent.
Le fait que la durabilité sur le chantier est un vaste concept ressort rapidement des propos de Pieter et de Marjoleine. Il s’agit, par exemple, des déchets (de préférence le moins possible), de l’énergie (verte vs fossile) et de la faune et de la flore (lire : rampes). Il faut donc disputer plusieurs parties d’échecs à la fois, et c’est exactement ce que font Marjoleine et Pieter. Marjoleine travaille au sein du service Supply Chain de Strukton Rail Pays-Bas et son portefeuille comprend la durabilité. Elle et ses collègues ont beaucoup de contacts avec les fournisseurs concernant la prévention des flux de déchets et la collecte des flux résiduels. Pieter est le coordinateur ESR de Strukton Rail Pays-Bas. Il entretient des contacts avec des collègues au niveau du groupe au sujet de la durabilité et rassemble les gens pour mener à bien des initiatives durables.
Il va de soi que le chantier apparaît sur le radar dès lors que l’on parle de durabilité. « Il est important de laisser un monde vivable aux générations futures », explique Pieter. « Si je regarde ensuite notre organisation, le chantier occupe une place importante dans cette problématique. »
Un sujet important mais pas simple. Il y a de plus en plus de solutions durables mais tout n’est pas applicable et pratique. « Par exemple, nous avons un trajet environnemental modulaire : des conteneurs à déchets distincts pour les différents types de déchets », explique Marjoleine. « Mais beaucoup de nos chantiers sont de petits chantiers: il n’y a pas toujours de place pour un tel trajet de recyclage. Nous en discutons avec le fournisseur: existe-t-il des conteneurs à déchets plus petits, le fournisseur peut-il reprendre son propre flux de déchets? »
Autre exemple: l’énergie. Pieter: « Dans un grand projet qui vous occupe pendant longtemps, vous pouvez aménager un raccordement du chantier permanent à l’énergie verte. Pour les projets ou la maintenance à court terme, ce n’est souvent pas possible, par exemple parce que la demande de permis prend trop de temps. Il faut alors compter sur des agrégats. »
Pieter, Marjoleine et leurs collègues n’ont peut-être pas animé ce mouvement consciemment mais les chantiers deviennent progressivement plus écologiques grâce à toutes sortes d’initiatives. Ainsi, les collaborateurs de Strukton Rail travaillant dans le domaine des voies recevront bientôt deux gourdes Doppers Insulated. Marjoleine: « Nous réduisons ainsi le nombre de bouteilles d’eau en plastique. En outre, nous allons demander aux entreprises de restauration de proposer plus souvent de l’eau sur le chantier. C’est ici que l’on peut voir que la durabilité et le fait de prendre correctement soin des collaborateurs vont de pair. »
Avec ses collègues, Pieter s’est depuis attelé à rendre la flotte de véhicules plus durable. Il y a des évolutions dans ce domaine mais elles sont lentes. « La capacité de chargement et de remorquage des véhicules utilitaires électriques est souvent encore insuffisante pour notre travail. Nous remarquons que les secondes générations sont déjà meilleures que les premières. Bien sûr, nous ne pouvons pas renouveler notre flotte en une fois mais nous analysons ce qui est possible, en termes de véhicules comme en termes de matériel. Par exemple, en 2019, nous avons acquis la première locomotive électrique et l’année dernière, nous en avons acheté trois autres. Les arrivées de matériel deviennent de plus en plus vertes. Le problème est que ces locomotives ont besoin de caténaires et qu’évidemment, nous travaillons souvent dans des endroits où elles ont été désactivées, justement. C’est pourquoi nous développons actuellement une solution de batterie, en collaboration avec Strukton Rolling Stock pour permettre le franchissement des tronçons dépourvus de caténaires. »
Un autre exemple est l’utilisation des plaques de roulage. La version en acier n’est assurément pas écologique. Elle est lourde et de nombreux mouvements de camions (émissions de CO2!) sont donc nécessaires pour transporter suffisamment de plaques sur le chantier. Le chargement et le déchargement génèrent également des émissions de CO2. Et puis il y a les dommages causés au sol. Marjoleine: « Il faut excaver et niveler, car les plaques d’acier ne sont pas flexibles. Le sol doit être stocké et il faut beaucoup de temps pour que la flore et la faune se rétablissent. En outre, nous posons souvent du film de construction sous les plaques pour éviter les fuites. Nous avons d’ores et déjà convenu de ne procéder à cette opération qu’en cas de nécessité absolue, et toujours avec un film transparent le cas échéant. Ce dernier est réutilisable. Mais les plaques synthétiques sont encore meilleures. Nous allons conduire un projet pilote avec elles. » Les plaques en matière synthétique offrent de nombreux avantages: grâce à leur légèreté, on peut en mettre beaucoup plus sur un camion. Elles sont également flexibles, ce qui évite de devoir excaver et égaliser. De plus, elles s’emboîtent comme un puzzle et aucun film de construction n’est nécessaire. Marjoleine: « Si l’on considère les émissions de CO2, le gain est énorme: le transport à lui seul permet d’économiser 50 %. Et si l’on inclut le chargement, le déchargement et le déplacement, cela peut même grimper jusqu’à 90 %. Sans oublier, bien entendu, le bénéfice pour la flore et la faune. »
De plus en plus de choses sont donc possibles mais il importe de demeurer critique face aux nouvelles idées et possibilités, affirment Marjoleine et Pieter. « Les fabricants signalent parfois que certains matériaux sont réutilisables, explique Marjoleine, mais si aucune entreprise aux Pays-Bas n’est là pour le faire, cela ne sert à rien. C’est pourquoi nous nous posons toujours cette question : pouvons-nous éviter le gaspillage? Sinon, pouvons-nous assurer une collecte durable et efficace et éventuellement en réutiliser le produit comme flux résiduel? Il s’agit toujours de trouver la meilleure combinaison entre bénéfice environnemental et faisabilité pratique. »
Les ambitions sont pour le moins élevées: l’objectif est de disposer de chantiers durables à l’horizon 2025. Précisons-le néanmoins: ceci n’est pas nécessairement synonyme de neutralité carbone. « Il y a des limites à ce qui est possible mais cela ne doit pas être grave », explique Pieter. « Il y a en effet d’autres possibilités. Vous pouvez, par exemple, utiliser un matériau qui fixe le CO2. Ou compenser les émissions du chantier ailleurs. »
Marjoleine souligne l’importance de décomposer les objectifs en étapes. « Alors ça reste gérable. » Le soutien est également important : il s’agit de motiver les collègues à s’impliquer dans la démarche. Marjoleine: « Tout le monde n’a pas été sensibilisé à l’importance de la durabilité et du tri des déchets. Nous allons donc devoir nous interpeller les uns les autres. Cela doit devenir aussi naturel que de se demander mutuellement des comptes au sujet de la sécurité au travail. » « Il faut que tout le monde s’y mette », ajoute Pieter. À l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise, et donc également dans la collaboration avec les collègues et les fournisseurs. Une réussite sur ce plan nous boostera en termes d’énergie. »
Nous avons besoin de tout le monde, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise.